dimanche 6 juin 2010

Au pays de Dieu la voiture

La Thaïlande est un pays en plein boom économique. Si évidemment le lancer de caillou sur militaire et le brûlage de building va plutôt l’inciter à aller dans le sens contraire, le pays reste malgré tout dans ses meilleures années sur une croissance à deux chiffres et à taux de chômage de 1,5 % de la population active. De quoi faire baver tous les pays développés aujourd’hui!!

Alors quand on s’enrichit, a priori on fait quoi ? On consomme bien sûr, mais surtout on consomme suivant un modèle bien huilé auquel aucun petit asiatique du sud est, Indien, Chinois ou Brésilien n’échappe. On achète d’abord une voiture.
Eh oui, quand toute l’Europe se casse la tête et se morfond à l’idée de changer ses autos autrefois vénérées pour de nouveaux modes de mobilité, quand les USA voient leur plus gros secteur industriel qu’est l’automobile partir en miettes pour les mêmes raisons, ici on ne jure que par elle. Et pas question de parler d’écologie, c’est encore bien trop loin et bien trop cher pour les intérêts de tous. Non, ici on veut la voiture symbole, celle qui montre son statut et son accession au monde supérieur. Un 3 corps ou un gros 4x4 fera bien l’affaire. Le plus dingue reste que le prix est à quelques chose près le même qu’en Europe pour un pays où la vie est à peut être 4 à 6 fois moins cher.

Mais si cette manière de consommer peut paraitre un peu réductrice (elle est pourtant véridique), ce qui est aussi frappant c’est que la société elle-même, l’Etat et toutes ses institutions vont dans le même sens. On ne construit que pour elle. La voiture est par-dessus tout.




Vous l’avez déjà vu sur mes précédentes vignettes, ces autoroutes qui cachent le ciel quand on se balade dans les ruelles du centre ville. Ces 4 voies qui scindent des quartiers entiers en morceaux hermétiques faute de pouvoir les traverser aisément. Il est quasiment impossible de tourner à un croisement. On va au bout de la ligne pour faire demi-tour comme tout le monde, ce qui a tendance à rallonger très nettement la longueur des trajets. Les deux roues, eux, sont contraints de rouler à contresens en serrant bien le trottoir pour pas se faire happer par des bus en furie. La cause ? Impossible d’aller dans le sens contraire de celui qui circule sur leur côté de la route. Enfin les piétons, quand bien même ils auraient l’idée suicidaire de traverser ces artères géantes à pied, ils devront marcher tout le long pour trouver une des petites passerelles très disséminées qui les enjambent.





Puis, bien sûr, il y a les grandes constructions que l’on érige pour cet objet si fabuleux et si fragile, c’est bien connu (j’en rajoute un peu)! Les immenses toitures qui protègent les stationnements devant les grands centres commerciaux, puis les parkings eux-mêmes. Ici, les parkings ne sont donc pas calfeutrés dans d’immenses sous-sols de honte de les voir, comme chez nous en Europe. Au contraire, ils sont à l’air libre, sur des dizaines d’étages pour montrer qu’ils existent bel et bien. A place égale avec des buildings de bureaux, la voiture est donc comme dans un vrai petit nid douillet.

Mais si elle reste le symbole de la croissance de tout un pays, elle n’en reste pas moins l’un des éléments qui sera le plus coûteux pour une société qui ne prie que pour elle (et Bouddha bien sûr!). En espérant qu’on trouve vite un moyen de foutre du riz dans le réservoir pour faire avancer tout ça…

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