dimanche 27 juin 2010

Quand nos multinationales apprennent à saluer à la Thai

Eh oui, la mappemonde du XXIème siècle a perdu bon nombre de ses frontières physiques et des distances qui les éloignaient jadis.
Aujourd’hui les Hommes se déplacent un rien de temps d’un bout à l’autre de la planète sans grande difficulté, et je suis évidemment un échantillon de plus pour le prouver.

Puis il y a aussi un partage de plus en plus rapide des cultures avec certaines plus dominantes que d’autres si vous voyez ce que je veux dire. Le rythme de vie frénétique, les objectifs de croissance à tout prix, et la consommation démesurée sont quelques autres symptômes de cette homogénéisation mondiale.

Et si la Thaïlande est un pays qui se développe, qui aspire donc logiquement à tous ces joujoux qu’on lui brandit (j’en admets tout de même bien la logique d’aspirer à un monde meilleur bien entendu), pourquoi serait-elle donc épargnée par nos super-multinationales ? Fleurons de nos nations développées, elles sont ici déjà comme chez elles renvoyant les petits fabriquants locaux en 5ème division et influençant déjà le comportement des Thaïs dans leur quotidien.
Enfin, tout n’est pas noir, et qui n’a pas senti pousser une immense satisfaction en lui quand au beau milieu d’un coin paumé d’un autre continent, il a pu sans difficulté trouver une bouteille de Coca-Cola pour se désaltérer, ou éviter par là-même peut-être de boire une vodka locale au lait de jument plus difficilement digeste ou encore pour soulager tant de petits touristes novices dans l’art du voyage culinaire des pays non aseptisés si vous voyez ce que je veux dire :)
Tiens d’ailleurs Coca ici ça se dit : «


» :) C’est utile de savoir le prononcer quand même. Vous vous voulez que je répète ? :)


Puis, bien sûr, on retrouve nos grandes surfaces made in France. Je ne cite pas le nom mais le logo inscrit dans l’ADN de tout bon français depuis plus de 50 ans vous éclaire déjà.

Je vous raconte pas quel bouleversement ces super magasins où on trouve de tout à déjà occasionné dans les habitudes locales, où les petits commerçants, les boutiques à bric-à-brac et le commerce à la débrouille typique des asiatiques étaient de mise. Carrefour, et ses copains Max Value (US)et Tesco Lotus(UK) y sont pour beaucoup en tout cas sur ce point-ci.

Enfin, un petit tour tout de même dans notre supermarché pour découvrir la taille très disproportionnée des rayons de cosmétiques, shampoings, et tout le tsouin-tsouin pour le corps. C’est vrai qu’on est bien équipé dans nos pays européens en la matière mais je peux vous dire qu’ici ça dépasse tout, et on voit à quel point le bien paraître est important surtout pour la gente féminine. Ce sacrifice est d’autant plus criant quand on voit le prix de ces produits entre 100 et 300 Bahts sans soucis (2,50 euros à 7,50euros) quand un simple repas ne coûte guère plus de 1 euro d’ici. Pour la comparaison, imaginez quand vous mangez un repas à la sauvette à Paris pour pas moins de 5,50 euros que le prix proportionnel des shampoings irait de 13,75 euros et 18,75 euros : ça nous ferait un choc tout de même et je crois que les français seraient réputés pour être un peu plus crados, je pense. Enfin, chacun ses priorités!

Ensuite, il y a l’essence. Le monde marche au pétrole et là encore, l’expertise et le savoir-faire de nos compagnies d’extraction et de diffusion pétrochimiques imposent leurs lois et leur prix aux plus petits.

Comme sur cette pancarte le prix du gazole est de 0,71 euros et l’essence à 1,09 euros.
C’est vrai que cela plairait à pas mal d’entre nous d’avoir des tarifs pareils mais quand les choses du quotidien coûtent généralement entre 4 et 7 fois moins chères ici je ne vous dis pas l’addition finale au bout du mois pour un petit Thaïlandais moyen.

Puis StarBucks restera toujours Starbucks.

Fidèle à ses convictions et surtout à celle qui dit que toute la jeunesse mondiale rêve de faire comme dans la série Friends, et de se retrouver dans ces endroits avec un chocolat caramel aux noix de macadamia 250 fois trop sucré et la possibilité de rester connecté au wifi et donc au reste du monde grâce aux réseaux communautaires qui en découlent. Enfin l’appât semble bien marcher car ces cafés attirent comme en France et ailleurs un public nombreux (très majoritairement féminin comme toujours).


Enfin l’ennemie de tous les gastronomes français du sud-ouest ou de nos amis de Slowfood côté transalpin : le fameux Mac do.

Déjà implanté partout à Bangkok et en Thaïlande dans de beaux restos tout neufs, la stratégie d’occupation du terrain est déjà en marche. Même Ronald est de retour alors que chez nous l’avons vu disparaître depuis quelques années pour laisser place aux nouvelles enseignes jaunes et vertes pour nous donner l’impression que Macdo s’était enfin racheté une bonne conduite ; plus soucieuse de l’environnement et de notre santé mais moins de notre porte-monnaie.

Ici, l’environnement on s’en fout encore pour l’instant et pour mieux se présenter, Ronald a appris pour l’occasion à saluer à la Thaï. Quel signe de vraie sincérité quand on imagine comment Macdonald considère généralement les cultures locales. Les prix y restent malgré tout exorbitants.

Enfin, notre monde est ainsi. Y être opposé c’est aussi un peu se mettre sur la touche et parfois se priver d’un hamburger, d’une bouteille de coca, et de gagner du temps en faisant ses courses dans un seul et même endroit. Faut vivre tout de même! Mais plutôt que de s’en priver totalement, c’est plutôt garder un œil avisé sur tout cela pour mieux anticiper le resserrement de l’étau sur le cours du temps. Pour celui qui entoure déjà nos nouveaux consommateurs de Bangkok, l’heure de la prise de conscience n’est pas encore arrivée.

samedi 26 juin 2010

Insolite N°2

Comme il y a un bon mois, nous ne manquerons pas de rigoler un peu pour des choses vues ici et là, insolites et étonnantes pour nous, petits Européens.
Voilà donc une nouvelle série.

N°5 : Ici quand on demande une glace noix-de-coco cacahouète on ne vous ment pas, moi je vous le dis (un délice!).


N°4 : Moi je dirais que ce sont des éléphants (balèses, non ?)…mais peut-être que j’ai trop reniflé d’encens ces derniers jours :)


N°3 : Chez un de nos clients fabriquant de téléphones portables, j’ai trouvé cette publicité assez originale (le portable lui je m’en fous un peu, vous l’aurez bien compris :)


N°2 : Je dirais que dans ce magasin on peut lire toutes les cartes bancaires du système solaire. C’est ça aussi l’esprit commerçant asiatique!


N°1 : Enfin sur le podium cette fois-ci, un drôle de caddie rencontré à la caisse d’un très grand magasin du sud-ouest de Bangkok. Ce mec doit vraiment avoir la dalle…et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est bien carnivore vu ces 200kg de viande qui débordent de son chariot!

mardi 22 juin 2010

Virée à Chang Raï


En juin c’est l’anniv' de Pommi, mon grand ami ici en Thaïlande. Généreux comme toujours, il m’invite dans la région de Chiang Raï pour y fêter son anniversaire au sein de sa famille.

Je suis plus qu’honoré par cette super proposition que j’accepte sans hésiter. Je suis heureux de passer un bon moment avec ce couple que j’aime beaucoup et aussi découvrir à quoi ressemble cette région , à l’extrême nord de la Thaïlande et dont beaucoup d’habitants de Bangkok sont originaires…
Nous prenons donc l’avion un vendredi soir, la bande habituelle : Pommi, Bon et moi-même.

1 heure d’avion sur Air Asia (l’équivalent de Easy Jet en Europe) et nous voilà débarqué à l’aéroport de Chiang Raï. Aucune formalité et on sort de là en un rien de temps…ça change des attentes incalculables dans les grands aéroports internationaux.
Là, son père nous attend. Petit monsieur de 71 ans, il me fait aussitôt penser à Louis de Funès. Il est pour autant allemand pure souche en apparence mais pas vraiment d’esprit, je le découvrirai tout au long du weekend :)
Quoi qu’il en soit, nous recevons un accueil très sympathique, et nous partons tous les 4 vers un petit resto bien sympatoche, pour y gouter les premières spécialités du coin. Déjà bien épicés!!... je fais attention à ma petite santé…faudrait pas que j’aie une crise cardiaque en croquant par erreur un piment rouge oublié dans mon assiette.


On passe donc un très bon moment avant de nous diriger vers l’antre de la famille. Passé un portail, et pénétré dans une végétation qui de nuit semble très dense, on finit par s’arrêter au pied d’une première maison de bois surélevée. Je suis sagement mes hôtes qui m’emmènent dans le noir pour arriver sur le perron d’une somptueuse maison.


On entre à l’intérieur et j’ai l’impression de mettre les pieds dans un musée. Décorations typiques d’art traditionnel et raffinement, tout y est parfaitement agencé. C’est l’esprit allemand direz-vous. Enfin, en visitant les chambres où nous passerons la nuit, nous nous stoppons net à l'écoute d’un "koak koak koak"…on se dirige vers le fond de la chambre de Pommi et Bon. Là, derrière la commode se trouve un guéco de taille assez gigantesque : un bestiau de plus de 25 cm !! Ces lézards sont assez inoffensifs et il n’est pas rare d’en croiser un peu partout dans les maisons. Mais généralement, ils restent proches de la taille de leurs cousins les lézards européens. Ici la taille indiquera que notre petit couple aura bel et bien le sommeil difficile avec tout le boucan que ça produit. Et pas question de le virer au risque de se faire gober le doigt et de ne pas arriver à le décoller…certain s’y sont déjà essayés!!



Enfin je me fous au pieu, entoure mon lit d’une magnifique moustiquaire de princesse (c’est que j’ai récupéré la chambre de la sœur de Pommi, qui vit en Angleterre pour ses études), puis tente de m’endormir. C’est qu’ici, les moustiques commencent à ne plus ressembler à des mouches en terme de taille. Mais c’est surtout le boucan qui se trame dehors qui vous calme un bon moment. Dehors c’est un peu la jungle. Beaucoup plus humide qu’à Bangkok et surtout beaucoup plus sauvage, on entend de tout… et c’est assez impressionnant, je vous l’avoue.
Au matin, je me réveille doucement. Les bruits de la nuit ont été remplacés par ceux de la journée, bien différents.
Je croise dans l’immense maison les 6 labradors et le caniche de la famille…c’est que c’est sympa comme bêtes, ça vous lèche partout mais en 6 fois,25 fois dans cette maison.







Enfin, on prend place à table où un véritable banquet a été dressé. La mère de Pommi nous a préparé un plat purement Western. C’est pas que j’en sois accro mais ça me manquais tout de même un peu.


Puis, je découvre enfin la mère de Pommi. Tout de blanc vêtu, je découvre cette femme, au visage simple et souriant. C’est une nonne, et qui plus est, une nonne extrêmement réputée dans le pays. Elle vient en effet en aide auprès de toutes les femmes ayant besoin de conseils pour surmonter les difficultés de leur quotidien. Je suis ravi par cette nouvelle rencontre.
Mais si vous avez bien suivi mon récit, vous vous demandez aussi comment les deux parents de Pommi peuvent-il vivre ensemble : une none Thaï et un retraité Allemand. Loin de tout jugement de ma part, je suis agréablement surpris par cette alchimie qui pourtant est très équilibrée avec pour chacun un monde bien privé.
Le monde du papa, c’est celui que nous allons découvrir en premier. On remonte dans le 4x4 et on part pour la route. Je peux apprécier les magnifiques paysages insoupçonnables dans l’obscurité de la veille. Montagnes de chaque coté, bordant ainsi la vallée verdoyante. Rizières à profusion le long de la route, et villages dispersés. Bien loin de la ville sur-bondée, le vert y retrouve ici ses droits.
En chemin, on fait une halte au marché puis sur le bord de la route pour acheter des ananas. C’est dire que l’étalage n’offre guère beaucoup de choix. :)



Je rigole bien sûr, car ceux-ci constituent la culture typique de la région, et je peux vous dire qu’ils sont absolument délicieux.
Puis, sur le côté de la route apparait bientôt une rivière bien large. Il s’agit du fameux Mékong dont on a tant entendu parler. On s’arrête au bout de quelques kilomètres face à une gigantesque statue dorée de Bouddha, posée là au bord de l’eau.




On n’oublie pas de manger un petit quelque chose, puis on s’équipe vite de gilets de sauvetages, pour grimper dans une toute petite embarcation, qui va bien au contraire des apparences nous montrer qu’elle en a dans le ventre. Très profilé, ce beau petit bateau en bois peint de toutes les couleurs va nous promener à fond les ballons sur le Mékong. On suit d’abord le courant sur une bonne distance, puis on s’arrête. Là, notre pilote nous annonce que face à nous se trouve la Birmanie. Nous sommes donc au nord du nord du nord du pays :)
On rebrousse ensuite notre chemin (je ne sais pas comment on dit quand on est sur l’eau !) et on va cette fois-ci totalement à l’opposé, donc dans le sens contraire du courant.






On profite de cette agréable ballade qui décoiffe tout de même, et croisons divers embarcations de pécheurs du coin, ou barges de transport. Cette photo montre d’ailleurs à quoi ressemble un super tanker bien local :)

Puis, on finit par nous débarquer sur l’autre rive. Des enfants sont là pour attendre. On pénètre sous des arbres au feuillage épais. Devant nous, une cabane en bois avec de chaque côté des drapeaux du Laos. Nous sommes donc en terre Laotienne. Derrière se trouve une ribambelle de cahuttes vendant souvenirs divers aux touristes perdus qui s’aventureraient par erreur dans le coin. Le vendeur de glace sort de sa glacière et nous rejoint dans la cabane. C’est en quelques sorte aussi le douanier apparemment. On paye 150 Bath chacun (4 euros) et on nous donne un petit bout de papier imprimé et mal découpé : c’est notre visa. Excellent !






On fait donc nos premiers pas dans ce nouveau pays pour venir nous figer devant la première boutique. Des centaines de bocaux sont disposés sur un étal et dedans on voit des cobras et autres serpents ultra-venimeux, des scorpions noirs de la taille de ma main et des bestioles absolument hideuses qui baignent dans leur jus. Le jus en question est un alcool fort assez réputé dans le coin. Le père de Pommi ne râte pas un instant et demande une première tournée pour tout le monde. Le petit Laotien ouvre alors un des trois grands bocaux qui doivent servir pour goûter. Il sort d’abord pour qu’on apprécie un peu mieux, l’un des énormes pitons qui baignait dans le fond. Le caïd est mort de chez mort comme tous ses compagnons d'infortune ici présents, mais je vous avoue que je ne suis pas rassuré pour autant. On prend donc nos verres, trinquons à l’allemande puis cul-sec on se tape le premier verre. Costaud le machin, je sais de quoi sont morts les affreux!!
Et comme si c’était pas assez dur, le père demande à ce qu’on puisse ensuite tester l’autre bocal, plutôt modèle scorpion si vous voyez ce que je veux dire. On recommence, tchin tchin et on avale. J’avoue que le modèle serpent est plus sucré mais bon…
En tout cas, ça vous met un point chaud au niveau du bide et d’un coup vous avez une vraie patate!






On continue notre ballade et sortons doucement du village. Derrière, difficile de pouvoir trop s’éloigner, car la jungle fait face et nous ne tenons pas trop à rencontrer les cousins des bestioles en bocaux, et si en plus ils avaient envie de nous demander des comptes!
Néanmoins on croise à l’écart des maisons, une cage assez grande où une silhouette noire se balance à l’intérieur. C’est un ours d’Indochine. Petit, il semble content de nous voir. Pourtant une vraie sensation de pitié nous prend, pour cet animal en cage et abandonné ici à un sort assez flou.




Puis, c’est l’heure de tout remballer et de remonter à bord de notre embarcation. En retraversant le petit village on essaye de ne pas trop casser le calme ambiant, les joueurs de dames concentrés sur leurs pions modèle bouchons de bière, et le bébé dans les bras de Morphée, mode hamac, qui se balance au bout d’un fil (astucieux).
On remercie tout le monde et c’est le retour vers notre point d’origine.



De nouveau en terre thaïlandaise, on reprend la route. On finit vite par s’enfoncer de plus en plus dans la montagne. Puis sortis de la route, on s’engage dans un petit chemin de terre beaucoup plus abrupt que précédemment. Après avoir atteint un sommet, on finit par s’arrêter sur le perron d’une maison plantée là au milieu de cette végétation luxuriante. C’est la deuxième maison familiale. Tout aussi belle que la précédente, celle-ci bénéficie en plus d’une vue extraordinaire sur les environs, sur les montagnes, sur la Nature tout simplement.
Mais pas le temps de rêvasser, on est déjà partis pour la suite du programme.
On redescend de la montagne mais pas à cheval !!….mais bien pour aller faire du cheval!



Ainsi, dans une vallée encore plus « jungleuse » qu’auparavant on finit par arriver à une habitation bien planquée. Des gens adorables viennent alors à notre rencontre. De vieilles connaissances pour la famille de Pommi. Le Patriarche est une sorte de Crocodile Dundee à la sauce Thaï (donc très épicé !!). Il a d’ailleurs vécu de longues années en Australie et en a gardé l’esprit d’aventure. Avec sa longue chevelure et sa machette sur le côté, il est avant tout un fou de cheval et en possède une bonne trentaine.

On s’équipe et on se dirige vers les animaux. Quelques petits tours pour voir si tout le monde est bien dans ses sabots et c’est parti! On suit notre guide du jour au nom de Semok.
Le chemin commence à monter: dur, dur, pour les montures mais malgré leur morphologie courte sur pattes comme les chevaux de Mongolie, les braves bêtes arrivent fièrement à surmonter chaque nouveau relief abordé. Entre deux, on se tape des bons galops et j’avoue que la peur du débutant laisse place au plaisir du mec qui s’éclate. C’est quand même fantastique d’être là, au milieu de cette nature folle, sur cet animal qui pour nous se préoccupe du chemin tout en galopant insouciamment,en espérant tout de même ne pas croiser en chemin un cobra noir, très fréquent dans le coin.




















Enfin, pour l’instant, nous n’avons la tête qu’à regarder autour de nous. En haut d’un sommet, nous apprécions l’immense vallée verdoyante. Ni une ni deux, et la pluie s’abat sur nous. Enfin ce n’est pas désagréable pour autant, et nous entamons alors notre descente. Le chemin que nous empruntons s’efface de plus en plus au profit de la nature environnante et Semok joue de plus en plus de sa machette pour éliminer les grands bambous qui nous barrent la route. La pluie finit par s’arrêter et nous continuons à serpenter au milieu de cette végétation dense et humide. Feuilles géantes, formes incroyables et diversité sont vraiment les caractéristiques de cet univers pourtant si inhospitalier pour les petits humains que nous représentons. Les chevaux partagent sans doute mon avis d’ailleurs à ce moment là.
2 grosses heures de ballade, de bons moments et des points de vue fantastiques avant d’arriver en fin d’après midi bien fatigué mais la tête bien pleine de cette magnifique expérience.
Mais une belle journée comme celle-là ne peut se terminer que par une belle soirée. On lave les chevaux et on va tous mettre les pieds sous la table où un fabuleux festin nous attend. Un de plus!!



Soupes épicées, poulets, légumes frits, porc caramélisé, salades de soja, ananas, et surtout alcool de je sais pas quoi. Comme Semok est toujours de bonne humeur il sait le faire partager. On s’enfile donc à tour de bras des petits verres de ce machin qui arrache. Les humeurs s’épanouissent donc et nous profitons de cette belle soirée qui se finira bien tard, au milieu des bruits de la Nature qui nous entoure.
Une nuit dans la maison des montagnes et le réveil au milieu des feuilles de bananier et autres sortes de fougères d’altitude. Le décor est splendide. Vraiment quel coin de paradis!




On prend le petit déjeuner face aux montagnes et on rechausse vite nos vieilles fringues qui puent de la veille. Car rebelote, à cette heure très matinale nous retournons chevaucher aux alentours de la maison cette fois-ci, car le père de Pommi possède 3 beaux chevaux lui aussi.





On se met donc en route pour une nouvelle balade tout aussi magique. Le pays se réveille doucement et les lueurs du soleil ne sont pas encore trop virulentes. Comme la veille, on s’amuse à monter et descendre les petites montagnes. Puis quelques cultures apparaissent, ananas bien sûr mais aussi maïs qui fait vivre un peu mieux les gens du coin. Je vous laisse de toute façon imaginer le calvaire que cela représente de planter les graines une à une et à la main uniquement, sur ces reliefs inaccessibles. Un vrai travail d’acharnés pour ces femmes et ces hommes bien courageux. Et s’il y a des cultures, c’est qu’il y à l’Homme pas bien loin. On arrive donc bien vite sur un petit village à moitié perché. Petites maisons en paille et en bois, ces gens qui reviennent vivre depuis les villes où la vie ne leur apportait pas ce qu’ils étaient venus y chercher, les gens sont très surpris de voir ces deux têtes d’occidentaux et une tête Thaï se promener à cheval dans le coin.
Fièrement nous continuons notre chemin. Comme la veille, j’apprécie énormément ce parcours presque sauvage. Une vraie coupure avec ce que j’ai vu jusqu’alors dans la ville survoltée de Bangkok.

Enfin de retour au bercail, on reprend notre fourbi et on quitte les hauteurs et ce beau petit coin. On fait à peine 30m en voiture et qui on voit? Eh bien un énorme cobra noir (un bon mètre cinquante) qui traverse la route. De quoi faire défiler en accéléré nos belles promenades en nature. Guuurps !!!
De retour vers Chiang Raï. Là-bas nous retrouverons la mère de Pommi pour un petit thé avant de repartir visiter un endroit apparemment à ne surtout pas manquer. Il s’agit du temple Art House de Chiang Raï.









Construit de toute pièce par l’artiste Thawan Duchanee ce temple est en réalité un véritable village exprimant toute la force et un peu la mégalomanie de cet artiste qui vit d’ailleurs dans ces lieux. Extrêmement connu à travers toute la Thaïlande, ce serait dur de ne pas être impressionné par cette architecture tout de noir vêtue. Formes acérées contrastant avec la simplicité et le gigantisme des surfaces toutes encadrées de détails ultra-minutieux. Son autre truc c’est les ossements, à la limite du morbide quand on en croise partout dans chaque maison du village. Il y en a même d’éléphants étendus sous une des maisons. A la limite du rituel ce sont pourtant des lieux extrêmement organisés et consciencieusement pensés. Une œuvre au format gigantesque donc.

Puis une fois la visite du noir terminé, il est temps d’aller voir le blanc ça va de soit.

Eh oui, la Nature a souvent fait une chose et son opposé. Pour cet artiste c’est de même, et il possède un double, un autre artiste, Chalermchai Kositpipat, avec qui la guerre est ouvertement déclarée ça va de soit et qui bizarrement à choisi le blanc comme couleur d’expression.
C’est en tout cas pour notre plus grand plaisir.







Ce temple, le Wat Rong Khun aussi appelé le White temple est aussi un village entier…c’est fou comme hasard. Mais l’architecture est quand à elle est très différente. Fragments de miroirs incrustés dans le plâtre blanc reflétants un soleil au plein de sa force. Puis après avoir fait le tour du bassin qui abrite des poissons de couleur blanche bien évidemment, on s’approche du pavillon principal. Un petit pont fait office d’entrée. Et devant lui se trouve deux fosses de chaque côté avec des moulures de mains horrifiées traduisant l’œuvre de la fin du monde…c’est gai comme début! Heureusement que c’est en blanc moi je vous le dis!








Puis, j’arrive enfin à la bâtisse. Temple revisité, je ne peux malheureusement pas prendre des photos de cette interprétations totalement délurée du bouddhisme (à part une que Pommi à volée depuis l’entrée). Ainsi l’intégralité de l’intérieur du temple est peinte de minuscules détails sur une couleur dorée. Et à y regarder de plus près je découvre avec un sourire jusqu’aux oreilles des personnages de Batman, Superman, des armes nucléaires, les vaisseaux de Star Treck et Star Wars, des fusées et j’en passe... Le tout intégré à l’univers bouddhistique comme s'ils avaient été des personnages ancrés au sein des grandes étapes de cette religion millénaire.

Etonnant, mais pourquoi pas après tout. J’aime bien cette vision de la religion pour une fois.
On quitte enfin notre temple couleur neige avec au passage une petite bise à x tout de même.







La fin de la journée approche et il est temps de nous rendre au restaurant où la famille de Pommi sera conviée. Magnifique endroit coincé sous quelques palmiers et avec en face un splendide décor de fond avec montagne et soleil sur le point de se coucher. J’en profite pour taper un plongeon dans la piscine qui me fait de l’œil depuis notre arrivée.
La famille et les amis arrivent finalement et nous passerons donc encore une excellente soirée, entre rires et dégustations culinaires. J’ouvrirai d’ailleurs, pour remercier tout ce beau monde, un Bordeaux que j’avais emmené dans mon chapeau depuis la France... foutu illico dans un bac à glaçon, j’ai eu du mal à exprimer les traditions vinicoles françaises!!!…mais comme de toute façon presque personne ne boit d’alcool ici, cela fera le plus grand bonheur du père de Pommi qui, comme tout au long du weekend, aura l’air d’un homme heureux de vivre une retraite loin d’une Allemagne qu’il n’a jamais aimée, réfugié ici depuis déjà plus de 10 ans. D’esprit joueur et libéré, c’est vraiment une personne qui m’aura fait voir autrement la Thaïlande, apprivoisée avec son œil occidental. Encore une belle rencontre.


Pour conclure sur ces parents extraordinaires, je crois que cette photo prise dans leur jardin en est la meilleure symbolisation, sans pensée négative pour ces gens tout à fait extraordinaires et différents à leur façon. Un sexe en bois géant ultra prohibitif et une magnifique fleur blanche. :)

Enfin la nuit arrive et c’est bientôt l’heure de retourner d’où nous sommes arrivés.


Mais avant de prendre la direction de l’aéroport, nous faisons un dernier tour dans le centre ville de Chiang Raï. La coupe du monde vient de commencer et la grande place oû des centaines de tables et de chaises sont disposées habituellement pour suivre des représentations d’art vivant, sont aujourd’hui toutes dédiées à l’événement planétaire. Mais qui dit match dit truc à grignoter (je dis ça alors que je ne suis pas un vrai supporter de foot!!). Et voici ce qui sera la dernière folie du weekend. Car de part et d’autre de la place se trouvent des petites échoppes où on peut acheter de bonnes bières locales mais surtout des barquettes d’insectes fraîchement frits à l’huile. J’hésite entre les larves de bambous et des sortes de grosses sauterelles. Nous prendrons les larves et d’autres machins dont je ne sais pas le nom.





Je prends donc mon souffle, fait la plus belle des grimaces et avale ... et franchement c’est la révélation. Sucrés et salés, ces petits machins sont bien au contraire très appétissants. On engouffre ça comme un paquet de chips devant ce match Nigeria-Algérie.
C’est enfin l’heure du grand départ. Beaucoup de remerciements pour ces gens qui m’ont plus qu’accueilli pour mieux apprécier cette partie du pays tout à fait fantastique. Une vraie cure de liberté et d’aventure qui, je l’espère se renouvellera .