samedi 3 juillet 2010

Médecine Thaï

La Thaïlande est de loin le pays le mieux pourvu, question santé, de toute la région sud-asiatique.

La map de Bangkok est recouverte de petits H verts : des hôpitaux et cliniques privés un peu partout.

Cela n’est donc pas étonnant de voir affluer en plus des touristes en recherche de soleil, des ô combien dramatiques touristes sexuels, mais aussi une autre sorte de touristes : les touristes sanitaires.

A la recherche de soins de qualité mais surtout 5 à 10 fois moins chers que dans leur pays développé, le voyage en vaut bien la chandelle pour un grand nombre d'entre eux. Ainsi, Japonais, Américains, riches asiatiques et Européens se retrouvent dans toutes ces infrastructures pour un simple check-up dentaire, une opération de la prostate, ou une injection de Botox dans les lèvres, et parfois les trois en même temps …ici tout est possible.

Comme on peut dire maintenant que je vis bien ici, le quotidien a repris le dessus et quelques besoins m’ont amené à découvrir par moi-même ces infrastructures.
D’abord le dentiste. Personnage ô combien cauchemardesque pour tous les enfants de notre planète, j’ai donc pu voir la méthode Thaï à l’œuvre.

L’emploi du temps est modelable à volonté et des plages horaires se libèrent pour vous quand bon vous semble, ce qui contraste fortement avec les 2 mois d’attente que l’on rencontre parfois en France.
Ensuite la méthode. Le même bazard et les mêmes outils que leurs cousins européens, mais un souci tout particulier de ne pas vous faire mal et c’est ça la grande différence.

Ma petite analyse personnelle conclut qu’il s’agit en fait d’une différence de contexte. Quand en France vous n’êtes qu’un client lambda qui se presse à la porte parmi tant d’autres, se plaignant comme les autres, pleurnichant comme les autres… à chaque fois que l’odieux personnage approche sa fraise électrique de votre bouche. Nous ne pouvons donc plus attirer l’attention méritée, qui se dissipe simplement dans tant de réciprocité et d’emmerdement pour notre praticien.
Ici, on a peut être une image à défendre, mais surtout le souci de bien servir. On en est encore à l’étape d’un monde naïf qui cherche encore à satisfaire son client. Quel signe d’infériorité vous ne trouvez pas ?! :)
A cela on ajoute bien sûr, la crainte de contrarier un étranger que je crois ressentir parfois, et vous avez un service très agréable.

Je viens donc pour remplacer une de mes molaires qui s’est désintégrée en mangeant un simple cookie au chocolat. Trois quarts d’heure de manœuvre et vous voilà avec une nouvelle dent toute neuve. Pas d’autres rendez-vous nécessaires et la note s’élève à 25 euros, ce qui est assez agréable quand on connait la version française pour de tels soins.
Je repars donc, l’air joyeux, les dents bien exposées sans crainte d’avoir un sourire de mémé ou de pirate. Je rigole bien sûr.
Le plus drôle dans tout cela c’est que ce dentiste est à 50 m de mon agence et se trouve coincé à côté d’un Mac Do tout neuf, où de temps en temps nous allons manger une petite glace après un bon repas de nouilles. Les assistantes, à notre vue et à celles de nos glaces en main nous font de grandes salutations et un grand sourire…sans doute dans l’idée que ces dégustations nous ramèneront dans un mois au maximum pour une nouvelle carie à soigner. :) Bel emplacement.

Mes dents bien à leur place, c’est au tour de l’hôpital d’être visité. Cette fois-ci pour l’obtention d’un vaccin et d’un certificat médical pour mon travail, je découvre dons le bâtiment de 15 étages à seulement 200m de mon travail.



Devant l’entrée, les ambulances sont garées sur le parking à ambulances, les fauteuils roulants sur le parking des fauteuils roulants et les brancards sur le parking à brancards. Tout le monde à son poste!




A la porte, 3 messieurs vous saluent et essayent de comprendre ce qui vous amène. Ensuite, après avoir fait le tour des différentes ailes de l’hôpital, j'atterris dans la bonne salle d’attente. Là, 20 infirmières se tournent presque les pouces en vous attendant. Elles se ruent pratiquement sur vous pour en savoir un peu plus sur vos symptômes, le sens de votre visite, le but de votre venue en Thaïlande, votre profession ici, votre niveau en Thaïlandais, votre planification pour une vie à Bangkok, la couleur préféré de vos …. Enfin, que des trucs normaux vous direz.
Puis, une fois le médecin en chef au courant de votre présence, on vous fait attendre dans de jolis canapés rangés en quadrillage. Un pour chaque patient. Un peu bizarre. On n’a pas manqué avant cela de vous mettre le bras dans une machine extraordinaire qui va mesurer votre tension. D’avoir été braqué par une sorte de pistolet qui arrive à mesurer votre température à plus de 30 cm de vous, balèze ! Puis on vous pèse et surtout, humiliation suprême, on vous mesure devant public : 1,63m…toujours pareil. :)


Puis, le médecin est enfin libre. Trois infirmières viennent donc vous chercher. Il n'en faut pas moins évidemment. On fait donc les 10m qui nous séparent de son bureau et là on découvre le chef de ce cheptel. Loin de moi l’idée d’émettre une quelconque critique sexiste, mais cette situation m’y fait beaucoup penser.
Bien sûr, une infirmière se tient prête à la porte, toujours au cas où. Et deux autres sont entrées avec moi pour faire office de leur anglais de grande qualité pour traduire les gentils balbutiements du médecin rondouillard qui se tient devant moi. Adorable petit monsieur qui s’assure que tout va bien : médicalement parlant mais aussi dans mon travail et dans mon installation ici. Lui aussi…


Le check-up terminé, je peux enfin aller faire mon vaccin. Une infirmière vous prend le bras avec toute la précaution du monde en transpirant presque à grandes gouttes à l’idée de vous faire mal. Enfin, c’est réussi car avec toutes ces précautions, on oublie même pourquoi on est venu.

La lourde opération terminée on me salue de toutes parts, puis on m’accompagne vers un nouveau guichet. Là, j’attends quelques minutes seulement avant qu’une petite dame m’appelle derrière le comptoir. On me tend l’addition…beaucoup plus sucrée que salée:). Comme chez le dentiste, je fais un grand sourire et paye agréablement la petite dame. Je me retourne puis à un autre guichet, une autre petite dame me tend un sachet avec des plaquettes de médicaments pré-découpées. Comme en Allemagne, au Japon ou dans certains pays plus civilisés que le nôtre, les pharmacies sont ainsi greffées aux structures médicales et délivrent « le bon dosage » de médicaments prescrits directement par le médecin. Un plus pour éviter le gaspillage, le mauvais emploi de ces produits et surtout pour éviter de tomber sur des rayons bondés de produits à la noix qui vous incitent à acheter des crèmes pour enlever les boutons ou pour bronzer plus vite. Ici, c’est normal en fait.


Je sors donc de cette expérience ravi. Surtout mon porte-monnaie. Et bien sûr très serein pour la suite car si quelque chose devait m’arriver, je crois que je serais entre de bonnes mains :)

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